Il y a un an, une salariée du Centre financier de La Poste, à Paris, se suicidait sur
son lieu de travail. Six mois plus tard, deux autres postiers se
donnaient la mort, également sur leur lieu de travail. Ce qui poussait
Jean-Paul Bailly, PDG du groupe, à commander un rapport sur le bien-être au travail à La Poste, dont les conclusions ont été rendues publiques mardi.
Pilotée par une personnalité extérieure à l’entreprise –l’ancien leader de la CFDT Jean Kaspar-
cette mission a permis à ses membres de rencontrer près de 500
personnes en six mois, depuis les salariés jusqu’aux dirigeants, en
passant par les syndicalistes.
L’absence d’écoute mise en avant
Pour Jean Kaspar, «La Poste a mené une transformation nécessaire avec
l’exigence très forte de maintenir son modèle social». Et pourtant, les
indicateurs sont préoccupants, notamment en matière d’absentéisme –il
représente l’équivalent de 16.500 agents sur une année, selon le
rapport– et d’accidents du travail –plus de 10.000 sont enregistrés
chaque année depuis 2001 et ce, malgré la forte réduction des effectifs.
Si le mal-être des postiers est réel, ses causes sont multiples.
Parmi les principales, citons une pression trop forte du fait du manque
d’effectifs, un dialogue social trop formalisé laissant peu de
place aux salariés, un pilotage de l’entreprise et des ressources
humaines pas assez centralisé, ce qui se traduit par des conditions et
règles de travail différentes d’un métier à un autre, et surtout,
l’absence d’écoute. «Des réunions, il y en a, mais elles sont organisées
pour convaincre, pour expliquer, et non pour entendre», insiste Jean
Kaspar.
4.500 à 5.000 recrutements nécessaires
Jean Kaspar ne remet pas en cause les réorganisations en cours dans
le groupe, «un service public doit aussi démontrer sa légitimité en
étant performant», dit-il. Mais certains facteurs sont à prendre en
compte, comme le vieillissement des effectifs. «Est-il utile de rappeler
que l’on ne peut être facteur à 55 ans comme à 35 ans?» interroge-t-il.
Parmi ses recommandations, Jean Kaspar insiste sur la nécessité
d’embaucher, notamment pour permettre aux salariés de disposer de
davantage de temps pour se former. Selon lui, 4.500 à 5.000 recrutements en deux ans seraient nécessaires.
Insuffisant, répondent déjà les syndicats qui mettent en avant la casse
de l’emploi –entre 8.000 et 10.000 postes sont supprimés chaque année
et «4.217 l’ont été sur le premier semestre 2012», avance Christian
Klowsklowky, de la CGT.
Si les syndicats regardent plutôt d’un bon œil le rapport Kaspar, ils attendent surtout la suite. Jean-Paul Bailly les a conviés
vendredi pour leur présenter ses propositions. Déjà très attendues par
les postiers. Pour le PDG, l’enjeu est de ne pas décevoir. A fortiori
quand le mal-être au travail focalise tant l’attention et se traduit,
chaque année en France, par plus de 400 suicides.
Source : 20 minutes
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