Intronisé à la tête de la CFDT, Laurent Berger, 44 ans, a donné
le ton jeudi de sa stratégie, "ni soutien du gouvernement ni opposant
politique", mais un "contre-pouvoir" adepte du dialogue social, dans la
droite ligne de son prédécesseur François Chérèque.
"Ni soutien d'un gouvernement ni opposant politique, mais contre-pouvoir social, autonome et exigeant, la CFDT
est fidèle à elle-même", a affirmé M. Berger dans son premier discours
de secrétaire général devant les militants de la centrale réunis en
assemblée générale depuis mercredi à Paris.
Son discours a été
suivi d'un hommage à M. Chérèque. Munis de petites mains en plastique
orange, couleur du syndicat, un millier de délégués CFDT ont applaudi,
debout, pendant quinze minutes, leur ex-secrétaire général.
"On
est forts à la CFDT pour signer le premier contrat de génération avant
que la loi ne soit signée", a lancé M. Chérèque, 56 ans, en avouant que
cette "blague" lui avait été soufflée récemment par le président François Hollande. Très ému, il a écourté ses remerciements.
Le
principal mérite que reconnaît le nouveau patron de la CFDT au
gouvernement socialiste est de relancer le "dialogue social et la
négociation", ajoutant que la CFDT y "a beaucoup contribué". "C'est là que se joue l'avenir de la démocratie sociale", a estimé M. Berger.
A l'adresse du Medef et de syndicats comme la CGT
-moins enthousiastes à l'égard du dialogue social- M. Berger a lancé:
"Aucune organisation syndicale ou patronale ne pourra se défausser",
alors que les négociations sur la sécurisation de l'emploi piétinent.
M.
Berger n'a pas reculé devant les idées iconoclastes. "Certains nous
reprochent de vouloir cogérer, co-construire, et pourquoi pas, nous en
avons assez de jouer des pompiers quand tout est décidé", a-t-il admis,
se disant "prêt à relever le défi de réformes structurelles".
Pour
autant il ne donne pas carte blanche au gouvernement: "François
Chérèque n'a pas ménagé ses critiques ces derniers mois et je
continuerai de le faire. Quand nous sommes entendus c'est bien, quand
nous ne le sommes pas nous nous manifesterons."
Se rapprocher des jeunes et précaires Pour M. Chérèque, le grand défi de son dauphin c'est la "terrible" explosion du chômage. Mais "le renoncement et le fatalisme ne font pas partie de notre ADN", a relevé M. Berger. Il
reçoit de celui a dirigé la centrale pendant dix ans un syndicat
homogène, dont le talon d'Achille est la faiblesse de la
syndicalisation. "Si la courbe des adhésions augmente, elle le
fait à un rythme moins rapide qu'au début des années 2000", a souligné
le nouveau numéro un de la CFDT, premier syndicat français en terme
d'adhérents (860.000).
Son ambition est de rapprocher la centrale
des jeunes et des précaires. "La CFDT doit être en phase avec le monde
actuel marqué par un salariat éclaté et précaire", a souligné auprès de
l'AFP, Marcel Grignard, membre de la direction. Pour y parvenir, le maître mot est "une CFDT proche des salariés".
Les
délégués ont approuvé à 99,7% (667 voix pour, 2 contre et 14
abstentions) la feuille de route de la centrale d'ici à son Congrès de
Marseille à la mi-2014. Le document prévoit notamment la poursuite
de l'expérimentation des services aux adhérents (via une plate-forme
téléphonique), des enquêtes flash auprès des salariés et des adhérents,
une attention portée à la formation syndicale.
On attend de
Laurent Berger qu'il dynamise la CFDT et permette le rajeunissement des
troupes", a indiqué Nadia Bonal, 49 ans, secrétaire de l'Union
départementale de l'Aveyron. "Une fois par semaine en moyenne, je
serai sur le terrain", a promis M. Berger. Jeudi soir, il ira soutenir
les métallos d'ArcelorMittal qui campent devant Bercy et participera
vendredi à une campagne à Paris pour les élections dans les TPE.
Retour sur la soirée du vendredi 16 novembre 2012, salle Jean Wiener sur la soirée débat autour de la souffrance au travail, à
laquelle votre section CFDT a participé en toute impartialité.
Avec l’honneur d’une projection en avant-première à
Fleury-Mérogis et à Béziers, en présence du réalisateur d’un documentaire
éprouvant retraçant la descente aux enfers d’un agent communal de la ville de
Béziers.
La CFDT section Mairie de Fleury-Mérogis tenait à
remercier :
-Le cinéaste Daniel Kupfestein pour la réalisation de
ce documentaire « Harcelé à perdre la raison », Extrait du
film :
-L'association
R. Flaherty,
- Les différents intervenants du débat :
-
Antoine Puléo, Secrétaire Général CFDT Interco Essonne
-
Gérard Rodriguez, Conseiller Confédéral CGT
-
Christophe Saltzmann, Juriste et enseignant en droit du Travail
-
Hosni Maati, Avocat
-
Les membres du conseil syndical de la CFDT venus en délégation, les collègues,
le public.
Nous
ne pouvons rester indifférents face à cette histoire tragique, qui nous laisse
un sentiment de colère et de révolte.
Au-delà
de l'émotion suscitée, cela doit nous faire prendre conscience.
La
responsabilité des organisations syndicales est grande dans l'approche de ce
fléau qu'est le harcèlement au travail, qui comme expliqué dans le film revêt
plusieurs formes.
Une
immondice insaisissable, parfois exercée de manière institutionnelle, entre
collègues, envers un agent ou un responsable, qui poussent des personnes à
commettre l'irréparable, parfois dans l'indifférence générale.
Ne
doit-on pas s'interroger, se remettre en question, sur notre manière d'être,
d'agir face à cette détresse humaine, pas toujours perceptible ?
L'individualisme,
ne nous pousse t-il pas au final à accepter parfois l'inacceptable, par peur de
perdre son emploi, de subir la même chose, d'être bloqué dans son évolution de
carrière, d'être mal vu par sa hiérarchie, le collectif, ou tout simplement
parce qu'on ne s'intéresse pas ou très peu à l'autre dans une société qui se
replie sur elle-même ?
La performance, le
rendement, la profitabilité au détriment de l’humanisme.
L'employeur
est bien évidemment responsable de la santé physique et psychique de ses
employés, il doit mettre tout en œuvre à la moindre connaissance de tels
agissements avec une obligation de résultat. Il faut chercher au-delà des dispositifs classiques encore
perfectibles, puisque dans le film la médecine du travail n'a rien pu faire,
malgré ses rapports pour éviter ce drame, pas plus que les représentants du
personnel.
Se
pose la question des pratiques syndicales qui doivent être constamment remise
en cause pour ne pas sombrer dans une forme d’immobilisme et d'indifférence.
La victime est souvent en situation de fragilité
(isolée, en arrêt de travail, dépressif, etc.), pour trouver la force
nécessaire pour se reconstruire, reprendre confiance en soi et relever la tête
pour se battre.
Le
rôle, la conscience, l'action collective sont pour nous un levier important à
actionner quand des faits avérés se produisent à l'égard de nos collègues, quel
qu’ils soient, en parallèle d'une sensibilisation accrue au sein de la
collectivité.
L'agent
doit se sentir bien dans son environnement professionnel et y évoluer de
manière convenable, s'y épanouir en adéquation avec les attentes de
l’employeur, il a droit au respect de sa dignité.
Lorsque
ce n'est pas le cas, alors il faut s'interroger, se poser des questions sur les
origines de cette inversion. Jean Michel était passionné par son travail, il
avait une vie familiale stable et heureuse, aux dires de ces amis personne ne pouvait
imaginer un tel acte de sa part.
La
CFDT sera extrêmement vigilante, et portera connaissances aux autorités
compétentes (employeur, CHS-CT, médecine préventive, procureur de la
République, etc.) en dénonçant de manière ferme à la moindre suspicion
d'agissements à caractère harcelant.
C'est
un appel à la responsabilité des uns et des autres pour éviter d’exacerber des
tensions existantes pouvant avoir des conséquences irréversibles sur le
personnel.
C.FARISSI
Secrétaire Cfdt Mairie de Fleury-Mérogis, Membre de la Commission Exécutive CFDT Essonne.
(Antoine Puléo, Secrétaire Général
de la CFDT Interco Essonne en discussion avec le réalisateur du film
"harcelé à perdre la raison" de Daniel Kupfestein)
L’article du Midi Libre du 16 novembre 2012
Daniel
Kupfestein retrace dans un documentaire le drame de l'affaire Rieux.
Jean-Michel Rieux, harcelé au travail, avait poignardé sa femme et leurs deux
enfants de 5 et 7 ans. Après avoir tenté de se donner la mort, cet employé de
la mairie de Béziers s'était suicidé en prison. Harcelé à perdre la raison est
projeté ce vendredi, à SortieOuest.
Ce vendredi soir à 20 h 45,
est diffusé à Béziers, à SortieOuest, le documentaire de Daniel Kupfestein
intitulé Harcelé à perdre la raison. Ce réalisateur revient sur
l’affaire Jean-Michel Rieux. Cet employé de la mairie de Béziers s’est suicidé
en prison en mars 2003. Quelques jours auparavant, le 28 février, il
avait poignardé sa femme Akima, ainsi que ses deux enfants Amandine et Charles
et avait tenté de se donner la mort sur le lieu du drame. Il se disait victime
de harcèlement sur son lieu de travail et tentait de faire reconnaître ses
souffrances depuis deux ans auprès de sa hiérarchie. Il n’a jamais été entendu.
Le
réalisateur s'est interrogé sur la fragilité humaine
"Un homme, après un
débat à Montpellier m’a parlé de cette histoire, explique Daniel Kupferstein.
J’ai pris contact avec le père de Jean-Michel Rieux et j’ai été captivé. En me
documentant sur ce drame, je me suis interrogé sur la fragilité humaine. Je me
suis demandé comment pouvait-on arriver à une telle extrémité à cause de son
travail."
La mairie
renvoie le réalisateur vers son avocat
Et le réalisateur a collecté,
au gré de ses visites dans le Sud de la France (pendant cinq ans) de très
nombreux témoignages auprès de la famille, d’amis et de proches au travail.
"La mairie, quand je lui ai demandé comment on en arrivait à un tel
gâchis, m’a renvoyé vers son avocat", précise encore Daniel Kupferstein.
Marie-Hélène
Delhon : "Jean-Michel n’était pas fou"
"J’ai alerté pendant
deux ans les services compétents de la mairie sur la souffrance au travail de
Jean-Michel Rieux, explique Marie-Hélène Delhon, son médecin du travail, qui a
suivi tout le dossier et a publié un livre document sur cette affaire. Rien n’y
a fait. J’ai été entendue par la justice après le drame, rien n’y a fait. Son
désespoir n’a pas été entendu. Avec le temps je me suis sentie de plus en plus
indignée, trahie dans mes propos, quelque part manipulée. Non, Jean-Michel
n’était pas fou. On l’a rendu fou. Non, il n’a pas assassiné sa famille. Il a
commis un suicide altruiste. Ce sont les termes que nous employons en
psychiatrie tant cet homme était fusionnel avec sa famille. Il n’a pas pu
partir sans eux."
"Le
plus gros échec de ma carrière"
Face à cette injustice,
Marie-Hélène Delhon a décidé de raconter cette histoire, non pas pour se
dédouaner : "J’ai moi aussi une part de responsabilité dans ce drame. Ce
drame, c’est le plus gros échec de ma carrière." Mais pour que l’on repère
les mécanismes de la souffrance au travail.
Son
médecin du travail a écrit un livre
Et avec la précision d’un
chirurgien elle a accouché de : «Du désastre professionnel au parti
pris judiciaire. Le cas Jean-Michel Rieux, observation du médecin du
travail ».Ce livre est un témoignage, un documentaire. J’ai pris
toutes les pièces du dossier et j’ai raconté ce que j’ai vécu. Sans
commentaire. Tout ça dans un souci d’objectivité et de précision."