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mercredi 14 décembre 2011

Journée d'action contre l'austérité: Pourquoi la mobilisation ne fonctionne plus?

 




DÉCRYPTAGE - Malgré un fort mécontentement général, les Français se joignent de moins en moins aux mouvements sociaux...

Une mobilisation «moyenne, sans doute pas à la hauteur de nos attentes». Telle était la prédiction du secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, pour la journée d’action qui s’est déroulée ce mardi afin de protester contre le plan d’austérité du gouvernement.
Même si plus d’une centaine de rassemblements, accompagnés de grèves ponctuelles, étaient prévus à l'appel de cinq syndicats, le mouvement s’est effectivement révélé bien modeste. L’échec de l’importante mobilisation contre la réforme de retraites, il y a un an, est passé par là. Mais pas seulement.

Une «situation difficile» sur le terrain

«Ce gouvernement nous a imposé des réformes, n’a pas écouté le mouvement majoritaire sur les retraites, n’a pas tenu compte de l’avis des salariés qui pensent désormais que sur ces grands enjeux de société, on ne le fera pas bouger», avance Nadine Prigent, secrétaire confédéral CGT, contactée par 20 Minutes.
Malgré le fort mécontentement qui est dans l’air actuellement, les syndicats évoquent ainsi une «situation difficile» sur le terrain et font un «constat lucide». «Il y a beaucoup d’inquiétudes et d’attente sociale, les mesures d’austérité sont considérées comme injustes, mais on sent qu’il y a des difficultés à traduire cela dans des mobilisations interprofessionnelles», ajoute Nadine Prigent.

Une période pré-électorale pas favorable

Joint par 20 Minutes, Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, évoque la période pré-électorale. «Le message social est moins audible car trop politisé», selon lui. «Les gens se mettent dans une situation d’attente, mais ce n’est pas notre point de vue, il faut continuer à mettre les questions sociales au cœur de la campagne, on ne peut pas dire que l’on va les régler après la présidentielle», renchérit Nadine Prigent. 
Pour sa part, Stéphane Sirot, historien et spécialiste des mouvements sociaux, confirme à 20 Minutes qu’«au niveau national, il y a eu toute une série de défaites assez cuisantes, c’est un élément qui pèse» et que la période pré-électorale provoque un «sentiment d’attente».

Une unité syndicale mise à mal

Cependant, il ajoute d’autres éléments à charge contre les syndicats. Outre leur unité qui a du mal à perdurer, «leur choix de mobilisation se révèle inefficace et contre-productif», selon l’historien. «Les syndicats ont mis de côté le principe de grève reconductible, campant sur les journées d’action ponctuelles qui ne font plus reculer le pouvoir politique et découragent au bout du compte», explique-t-il.
Ecartant la «fatalité» qui toucherait les mouvements nationaux, Nadine Prigent s’appuie alors sur les «luttes locales» dans lesquelles est engagé son syndicat dans «un certain nombre de secteurs». Mais pour Stéphane Sirot, «une organisation syndicale ne peut pas prendre la décision de se replier sur le local.»

Grève reconductible ou alternance au pouvoir

Pour l’historien, la grève reconductible est ainsi le seul moyen encore viable aujourd’hui pour établir un rapport de force avec le pouvoir politique, qui lui permettre ainsi de faire des concessions. «Mais les directions syndicales ont beaucoup de mal à s’engager dans cette démarche, ça leur fait peur», indique-t-il.
Autre solution: une alternance politique à la tête de l’Etat qui offrirait une «petite bouffée d’air» et une «survie à court terme» pour les syndicats. Ils «ont besoin d’une victoire politique pour montrer qu’elle est le résultat du mécontentement, car si la majorité actuelle est reconduite, la défaite de la réforme des retraites sera confirmée, ce serait un échec supplémentaire dont ils auraient du mal à se relever», analyse Stéphane Sirot.
En attendant, par cette journée d’action, que Jean-Louis Malys requalifie même de «sensibilisation», les syndicats affirment avoir voulu au moins assurer «une présence médiatique et sur le terrain». «On n’a jamais pensé qu’il y aurait une forte mobilisation, mais ça n’augure rien pour l’avenir. Nous on doit être présents et audibles», conclut le secrétaire national de la CFDT.

Corentin Chauvel-20 minutes

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